Quatuor SILSILA
SILSILA, « la chaîne », désigne les lignes de transmission dans la haute Tradition orientale. Appliqué à la musique , ce concept désigne le flux vivant du viatique musical transmis du maître au disciple et que ce dernier est sensé retransmettre un jour. C’est la raison pour laquelle le duo père et fils Marc et Thomas LOOPUYT avait choisi ce vocable pour emblème ( CD Silsila BUDA 3018064).
Aujourd’hui, pour le quarantième anniversaire de l’ADEM dûe à l’inspiration bien heureusement atypique d’un genevois appelé Laurent Aubert,
l’ensemble SILSILA s’élargit au quatuor mais toujours dans cette même perspective qui veut que le legs du passé vers le futur se cristallise dans l’intensité de l’instant présent, car cela nous semble
être la définition la plus convaincante de la tradition musicale .N’est-ce pas ici le noble objectif recherché par tous les artistes et celà même depuis les fresques pariétales de Lascaux ou d’Altamira : approfondir son art pour qu’il se cristallise dans cet instant très particulier appelé waqt qui permet à l’auditeur ou au spectateur d’être assis non plus sur les sièges d’un théâtre ou même dans ceux d’une exposition mais bien davantage d’être installé sur l’herbe moelleuse et verte de la rive du fleuve du Parménide…Deo volente…
Le répertoire du quatuor Silsila se déploie sur les modes mélodiques makam et sur les modes rythmiques ussul hérités du monde ottoman mais sans vouloir se limiter ni au sérail ( palais) ni au tekke ( maison de confrérie mystique) car il ne saurait exclure certaines inspirations géniales de l’univers des troubadours populaires (türkü, nefes, raks…).
L’univers artistique de Marc Loopuyt concerne le oud’ et embrasse l’Andalousie, le Maghreb, l’Azerbaïdjan ainsi que la Turquie avec le privilège d’avoir longuement fréquenté le maître Cinuçen Tanrekorur.
Thomas Loopuyt, né à Fès, épouse en partie la même saga avec la passion du oud’ pour en approfondir ensuite et indépendamment certains aspects comme le populaire marocain et le fasel turc.
Pelin Bashar,
titulaire de l’orchestre national de Samsun sur la Mer Noire est dans la lignée esthétique soufie du maître Niyazi Sayin auprès du maître Salih Bilgin pour la flûte nay et a travaillé avec le maître Erol Sayen pour le chant sophistiqué ottoman.
Anouch Donabedian,
approfondit l’art de la vièle caucasienne kémantché avec le maestro Gakik Mouradian et fréquente les modes ancestraux dans le radif persan auprès du maître Dariush Talaï. Depuis des années, elle est souvent associée aux concerts de Marc Loopuyt.
Le quatuor SILSILA présentera un répertoire qui enjambe volontiers les limites quelquefois artificielles entre les univers classiques et populaires au bénéfice d’une illustration vivante des modes makam qui leur sont communs et qui sont avec les rythmes ussul une puissante invitation à l’improvisation collective dans l’instant « waqt », que ce soit à Istanbul, à Marrakech ou à Genève.
Marc LOOPUYT initiative, oud’, percussions.
Thomas LOOPUYT oud’, percussions.
Pelin BASHAR chant, nay.
Anouch DONABEDIAN kémantché.
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Les deux Andalousies
Tous les détroits du monde séparent et unissent : ils séparent à cause de l’eau profonde et ils unissent car celui qui contemple longtemps la rive d’en face sent monter en lui le désir de l’arpenter .
D’Algeciras on aperçoit par beau temps le sommet de Jebel al’ Alam où se trouve le tombeau vénéré du soufi marocain Ibn Mashich. Les chants populaires de ce massif ont irrigué les musiques de fête de Tétouan et Tanger et peut-être même les Verdiales, chants de la verdure printanière de Malaga. De Jbel al ‘Alam le regard porte à l’Est sur le détroit et à l’Ouest sur les massifs de Malaga et même sur le haut sommet du Mulhaçen qui arrose les jardins de Grenade.
Le détroit de Gibraltar est un double miroir. La Méditerranée se reflète dans l’Atlantique et l’Andalousie transparait dans le Maghreb. Là ont fleuri deux grandes traditions : le flamenco au nord et une musique arabe qu’on qualifie aussi d’Andalouse au Sud.
Grenade ne fut-elle pas juqu’au XVe siècle la capitale des Maures ? Les différences entre ces traditions demeurent mais leurs parentés sont troublantes. L’autre Andalousie ne vit-elle pas en filigrane dans les musiques authentiques du Maroc ?
Le Programme de ce concert est une suite de tableaux mélodiques joués, chantés et dansés où se complètent musiques traditionnelles, créations et improvisations selon les règles traditionnelles.
Révélatrice des relations entre les deux andalousies, les pièces sont extraites du répertoire flamenco profond et léger (jondo y chico) de l’arabo-andalou maghrebin ( el alà ) du maghrebin populaire (cha’abi et aïta) de l’oriental ( baladi et quoudoud) et du mauresque.
Chaque tableau est illustré par les musiciens du Nord et du Sud du détroit et les deux rives fusionnent par la danse ou le chant, quand le rythme ou le mode le permettent ( zambra, sighiriya, chant mélismatique etc…)
Chaque tableau possède son thème : la joie, la gravité, la solitude, la sensualité.
LES MUSICIENS
Direction artistique : Marc LOOPUYT
Marc LOOPUYT : oud, guitare flamenca
Thomas LOOPUYT : rebab , oud
Nacer HAMZAOUI : chant arabo andalou et kouitra
Lorenzo RUIZ : chant flamenco
Yacine SBAY: percussions
Laura CLEMENTE : danse flamenco
Seline : danse orientale
Anouch DONABEDIAN : kémantché
Mireille LOOPUYT : Chargée de production
Le groupe Karabagh Bülbüleri
L’Azerbaïdjan entre Mer Caspienne et Mer Noire était autrefois le Nord de l’Empire Perse. Sa musique se déroule sur les mêmes modes que le Radif persan mais avec une poésie en langue turque et une énergie flamboyante qui lui vient de son passé zoroastrien. C’est l’art du MUGAM que Marc LOOPUYT a pu fréquenter à l’occasion d’une longue résidence Villa Médicis à Bakou. Il a étudié puis collaboré avec les accompagnateurs d’Alem Kasimov, les frères Mansurov ainsi qu’avec le grand chanteur : Agha Karim ; il travaille également avec une voix féminine : Sevintch Sariyeva et retrouve enfin le maître Rafik Rustamov, chef du groupe Karabagh Bülbüleri avec qui il collabore régulièrement depuis sept ans.
Ils forment ensemble un quatuor parfaitement équilibré :
Rafik Rustamov : luth tar,
Sebuhi Ibayev : chant et percussion
Markaz Aliyev : vièle kémantché
Marc Loopuyt : oud.
Voir CD Les Orients du Caucase et Azerbaïdjan, Chants du Grand Caucase.
Ils se sont produits :
Opéra de Lille, Opéra de Lyon, Festival de Rome, CNSM de Lyon, 38e Rugissants Grenoble, Scène Nationale Bonlieu Annecy, Abbaye de Sylvanès, Festival de Lille, Genève, Bâle, Toulouse, Béziers et Théâtre de la Ville Paris….etc
Musique des Transfuges Ottomans
Marc Loopuyt ( oud), Selcuk Erarslan ( divan kemantché) et Léa Maquart (nay)
Au XVIIième siècle l’activité musicale à la cour ottomane de Topkape fut intense et la pratique classique d’aujourd’hui à Istanbul continue à en interpréter les grandes œuvres. Ce que l’on sait moins c’est que la transmission d’un impressionnant corpus du XVI ième et XVII ième siècles fut l’œuvre de deux musiciens et musicologues européens.
Le premier est Kantemir Oglu, d’origine moldave qui nous a transmis presque 400 œuvres instrumentales.
Le second est Ali Ufki, converti à l’Islam, qui a transcrit un corpus énorme de 600 pièces.
Marc Loopuyt et Selçuk Erarslan sur instruments d’époque, montés et réglés à l’ancienne, font revivre des sélections de ces œuvres ainsi que quelques autres chefs d’œuvre du grand répertoire ottoman. Le duo initial peut se déployer en trio avec un percussionniste, en quatuor avec la flûte nay et en quintet avec la cithare kanoun.
Ce programme a été donné en Turquie et en Orient arabe ainsi qu’au Festival de Musique Ancienne d’Ambronay.
DIALOGUE LE LUTH ET LES OISEAUX
Après 50 ans de pérégrinations et de concerts dans tous les pays de la Méditerranée, Marc LOOPUYT et sa collection de luths se sont retirés dans un coin très secret de la campagne languedocienne tout près d’un ruisseau, refuge des oiseaux chanteurs : il y pratique au printemps de passionnantes tentatives de dialogue rapproché avec le rossignol, la fauvette et d’autres oiseaux de passage. Plusieurs années de cette pratique lui ont permis d’affiner une stratégie d’approche, de contact et d’entretien sonore. Il a ainsi essayé dans un même biotope, quasiment tous les instruments à cordes ramenés de ses voyages : oud arabe ou turc, tar persan ou du Caucase, dotar afghan, lotar du Maroc, neffer pharaonique, guitare ancienne plus les des instruments à archet : kemantché caucasien, rebab marocain, turc, yougoslave etc… Les conclusions opératives vont dans le sens de la plus grande efficacité des cordes naturelles pour filer le dialogue avec l’oiseau : boyau, soie ou crin.
Le luth à long manche tar caucasien monté de cordes en soie étant le plus efficace pour attirer la gent ailée d’un sous-bois car la clarté de ses notes se perçoit à 200 m…
A présent, pour Marc Loopuyt , apparaît la nécessité de faire partager ces instants hors du temps, quand se réalise l’incroyable rencontre d’une conscience musicale humaine avec celle d’un être emplumé de 20 grammes qui a parcouru 8000 kms pour ce rendez-vous.
CONCERT PROMENADE EN SOUS BOIS
Il s’agit d’une prestation d’environ 1 h 15 qui commence par un petit laïus sur le style de comportement nécessaire à un groupe d’environ 15 à 20 personnes selon les lieux ; habillement discret, voire « camouflé », chapeau ou bonnet, tabouret pliant, chaussures de marche etc…
Le discours évoque les précédents historiques du dialogue avec l’oiseau dans les grandes civilisations : Orphée, la Conférence des Oiseaux ( Perse), les poètes du Parnasse, l’articulation musicale dans l’Ecole du Suonare Parlante à laquelle appartenait Paganini etc…
Il évoque aussi la nécessité et le « mode d’emploi » d’une forme de comportement discret pour se mettre en place sans bouleverser la quiétude des lieux. Ensuite : phase d’appel, approche des oiseaux, dialogues improvisés sur le mode jaculatoire des fringiles présents alternés avec des interprétations de pièces de répertoire ( arabe, turc, arabo-andalou, persan etc). Le cas échéant, implication du chant voire du chant de certains des participants qui le souhaiteraient.
Ensuite : sortie du bois et moment collectif d’échange de sensations, de réflexions ou d’intuitions.
A l’heure où la proximité des spectateurs fait problèmes dans les théâtres fermés, venez vous éparpiller dans les sous bois sonores de l’Abbaye de Sylvanès et notons que ce programme est comme contenu dans l’étymologie du nom du lieu.
Marc Loopuyt
Flamenco barocco
Marier dans le creuset de l’enthousiasme musical la Muse de Scarlatti avec le Duende, génie du Flamenco ? Ne serait-ce pas là une équation alchimique impossible ? – Et bien, cela est chose faite grâce à l’initiative de Marc Loopuyt qui joue ici une flamboyante guitare 18ème et qui provoque les mélismes du clavecin de Catherine Latzarus et le roulement des talons et des castagnettes de Laura Clemente.
Est-ce là seulement un défi déplacé ?
Non, car la base de son hypothèse historique est solidement échafaudée comme Marc Loopuyt l’explique dans la notice du CD et, c’est en plus, une potion magique anti-morosité.
Réminiscences d’une époque bénie où musiques savantes et populaires se nourrissaient l’une de l’autre, ces douze titres voient la guitare invitant le clavecin à la danse et la pratique du tempérament inégal incitant tout le monde à une introspection de bon aloi.
La perspective de ce récital en symbiose avec celle du Suonare Parlante, école d’articulation à laquelle appartenait Paganini, réinsuffle le sang de la vie artistique spontanée dans les veines de Muse Nature que le vampire de l’académisme à trop souvent desséchées.
Olé Barocco !
Voir CD Flamenco Barroco.
Marc Loopuyt et le Flamenco Ancien
En 1995, le Maître luthier Luc Breton conçoit à partir du Tracé directeur, pour Marc Loopuyt, une guitare de style XVIII ième siècle. Sur le manche, les ligatures qui remplacent les frettes permettent d’accorder l’instrument selon les tempéraments anciens. D’autre part, montée de cordes en boyau, ses caractéristiques sont : puissance et projection, couleurs du timbre et netteté d’articulation. Ainsi, elle a redonné à l’artiste le goût de l’accompagnement du Cante Jondo flamenco. C’est ainsi qu’il propose un récital avec un chanteur qui a le même goût pour le Duende à l’ancienne : Lorenzo Ruiz, chanteur grenadin . Les deux artistes partagent un goût prononcé pour les Palos rares comme la Javera, los Cabales, la Serrana, le Tango de Málaga. De préférence, c’est un récital à déguster en petit comité dans une ambiance d’intimité. Marc accompagne aussi Lorenzo avec le Tar caucasien pour certains chants profonds dont les modes sont originaires d’Orient.
Contes philosophico-musical
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Rumi
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Conférence des oiseaux
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Mahabarrata
Jean-Claude CARRIERE a génialement produit plusieurs textes théâtraux qui synthétisent les grands courants de la pensée philosophique et mystique orientale.