Cette grande rosace d'un luth de Damas, construit vers 1930 par le génial Abdoh Nahhat, est un chef-d’œuvre de la lutherie arabe qui appartint au grand chanteur nubien Hamza El Din. Cet instrument présente trois rosaces, les deux petites s'appellent des tunes et Ia plus grande "ce qui symbolise le soleil", Ia dualité se référant à l'aspect changeant de la lune et l'unité a l'aspect constant du soleil. Cette rosace centrale d'environ 11 cm de diamètre est constituée d'une plaque d'ivoire collée sur une planchette de bois...
Cette grande rosace d’un luth de Damas, construit vers 1930 par le génial Abdoh Nahhat, est un chef-d’œuvre de la lutherie arabe qui appartint au grand chanteur nubien Hamza El Din. Cet instrument présente trois rosaces, les deux petites s’appellent des tunes et Ia plus grande « ce qui symbolise le soleil », Ia dualité se référant à l’aspect changeant de la lune et l’unité a l’aspect constant du soleil. Cette rosace centrale d’environ 11 cm de diamètre est constituée d’une plaque d’ivoire collée sur une planchette de bois. L’artisan a réalisé le dessin sur une feuille de papier qu’il a apposée sur l’ivoire ensuite ajoure 792 fois ! Quand on constate la finesse des fils d’ivoire qui subsistent, on n’est guère étonné de ce qui se murmurait dans le souk : au vu du nombre et de Ia qualité exceptionnelle de ces rosaces si prestement réalisées, les maitres artisans devaient recourir à la collaboration des djinns… Calligraphe accompli, le luthier réussit à transférer dans l’ivoire la fulgurance du qalâm. Le style de cette écriture — le thuluth — assure lisibilité et solidité en permettant de déplacer les points diacritiques en des endroits favorisant la rigidité de chaque unité géométrique.
Mais quel message cette rosace entend-elle communiquer aux lettres ?
Elle offre un résume des fondements grammaticaux et esthétiques de la musique savante arabe, avec une allusion aux mondes de I ‘astrologie et de l’esthétique sapientielle du Levant. On sait qu’lbn ‘Arabi, le « plus grand des maitres », est enterre sur les hauteurs de Damas et que cette ville est un centre de sciences traditionnelles et d’ésotérisme. En effet, Hee a l’arabe, a l’hébreu et a l’araméen, Ia science des lettres — Ia gématrie était ici pratiquée au même titre d’Ibn ‘Arabi, Ia genèse des lettres fondamentales s’opère que l’art du trait ou du trace directeur. Dans la conception d’ailleurs grâce à Ia rotation des sphères tout comme l’harmonie sonore chez les soufis lkhwan as-Sofa, les Frères de la Pureté.
La rosace présente cinq cercles concentriques de motifs découpes dans l’ivoire et deux autres sur Ia table d’harmonie de l’instrument : une plate-bande de mille pièces de marqueterie de noyer et de citronnier dont les chevrons ti suggèrent un sens de rotation qui est celui de Ia voute céleste. Le cercle le plus extérieur est un filet d’ébène qui porte les quatre « orients », symboles du monde manifesté.
Sur la partie d’ivoire, de l’extérieur vers le centre, on observe :
• Un cercle de 48 petites cases dans le même sens de rotation portant les chiffres de numérotation. • Les noms précis des 48 quarts de tons nécessaires a Ia complétude des deux octaves. En se référant à un clavier :
7 touches blanches et 5 noires représentent les 12 demi-tons à multiplier par deux pour obtenir les quarts de tons soit 24 degrés et, pour deux octaves, 48 degrés.
(Suite sur le deuxième robot.)